Gotan Project & Acid Arab, frères d’âme

Extrait de la rencontre publiée par Jacques Denis dans Libération:

Tout commence dans le 10e arrondissement cosmopolite, du côté de la rue du Faubourg-Saint-Denis. C’est là qu’est né le projet Gotan en 1998 et que l’entité Acid Arab a été formalisée, une quinzaine d’années plus tard. Le DJ et producteur Philippe Cohen Solal se souvient que la première fois, c’était presque une coïncidence. « C’était juste un essai avec le guitariste argentin Eduardo Makaroff. Le succès est un accident. Il n’y avait aucun plan, aucune stratégie.  » Guido Minisky, qui était alors son voisin de quartier, partageant les mêmes tables (pour déjeuner, et parfois pour se mélanger), a pu reprendre les mots de son aîné pour évoquer les débuts du second, dont la naissance fait également partie du concours de circonstance. Durant l’été 2012, il est invité avec Hervé Carvalho au festival Pop in Djerba. Ils proposent un DJ set en mode ping-pong pour quatre personnes (avec Gilb’r comme contrepartie qui les accueillera plus tard sur son label Versatile). « J’ai ramené des trucs orientaux, et Hervé, plein d’acid house. Le lendemain, on s’est dit qu’il fallait faire une soirée Chez Moune, où on habitait, sur cette base.  » Pour partager la belle idée, échanger des conseils, ils créent un groupe Facebook qui suit les pistes, du Maroc au Pakistan. Nom de code : Acid Arab, trouvé par le graphiste qui fera le flyer de la soirée ! « Il a cristallisé nos désirs », insiste Hervé. Tout comme le nom de Gotan Project, qui est tombé sur une table en deux minutes : Gotan fait référence au verlan de Buenos Aires et à un club associé à la ville. Astor PiazzollaLe « projet, parce qu’il y a un concept tout de suite ! » s’amusait à l’époque Christoph H. Müller, cofondateur du projet.
croisement

Très vite, Gotan Project s’imposera comme une marque déposée, un modèle estampillé attaché à tous ceux qui produiront des sons dans la même direction. De même, l’arabe acide est désormais un style générique, qui unit à la fois les exégètes et les premiers prophètes. Tous deux réaffirment la place centrale de Paris dans leur composition originale : « Notre musique ne peut se faire en dehors de Paris. D’où le titre de notre album. Cette digestion de ces cultures est ce résultat », poursuit Hervé Carvalho. Comme Acid Arab, le Gotan Project s’est appuyé sur la relation durable de Paris avec le tango. Et comme ce dernier a su séduire les Portègnes, via les DJ les plus branchés de Buenos Aires, le son Acid Arab a trouvé un écho favorable auprès du public local, du moins sa frange la plus branchée des deux côtés de la Méditerranée, comme en témoigne l’article que lui a consacré le webzine culturel marocain Lioumness.


La comparaison ne s’arrête pas là entre ces deux « groupes » soudés autour d’une paire de DJ. Les cadets comme les aînés ont d’abord pressé un maxi, juste pour voir. Pour Acid Arab, ce sera Theme, en 2013. « Ce que nous avons fait en tant que DJ, nous voulions le tester sur une production, voir l’effet en direct. Pour Gotan Project, selon le même principe, ce fut El Capitalismo Foráneo, au printemps 1999. Doublée par Gilles Peterson, gourou du Worldwide Show… qui sera l’un des tout premiers à diffuser Acid Arab à la radio. Dans les deux cas, d’autres maxis suivront avant de transformer l’essai sur disque. Même accueil enthousiaste outre-Manche, quinze ans plus tard : Musique de France est l’album du mois par Mixmag, tandis que le très sérieux mensuel Wire consacre une interview au phénomène Acid Arab. Bientôt les mêmes malentendus sur l’opportunité du crossover ?

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